Internet est un autre moyen pour les femmes et les hommes de faire
valoir leurs désirs et leurs sentiments, de les partager, de les
confronter : il est donc inévitablement au service des rencontres
amoureuses ! Sous prétexte que chacun reste protégé derrière son écran,
on a tendance à assimiler le virtuel au mensonge, à la tromperie et au
refus ou à la peur de s’engager. Sauf que dans ce monde virtuel, des
mots se rencontrent. Et en qualité de psychanalyste, je sais combien les
mots sont engageants ; ils en disent beaucoup, au-delà de ce que chacun
pense ou veut exprimer. De fait, la correspondance – car c’est bien de
cela qu’il s’agit ! - permet d’arriver assez vite à un niveau d’intimité
que le contact physique empêcherait. Parce que, alors, certaines
personnes seraient embarrassées par leur physique, par la peur du regard
de l’autre ou par leur propre jugement sur leur interlocuteur ; la
rencontre visuelle est créatrice de quantité de préjugés qu’Internet
permet de dépasser. Même s’il en crée d’autres, évidemment. Il ne s’agit
pas d’idéaliser Internet, mais de ne pas le diaboliser non plus. Par
exemple, ce n’est pas Internet qui a inventé la tendance, chez certains,
à vivre dans le fantasme de l’autre et à l’imaginer plus qu’à le
côtoyer. Comme toutes les névroses, celle-là existait bien avant et ne
fait que se rejouer sur Internet. »
Ce qui fait furieusement défaut, avec Internet, c’est le corps. Le
corps de l’autre est toujours déstabilisant, il est à séduire. Et le
malaise physique fait partie intégrante de la rencontre : il parle de
notre désir et de ses contradictions, de notre difficulté à les
accueillir… Il raconte déjà la part tangible de la relation. C’est le
moment où l’on rougit, où l’on s’emmêle les pinceaux, où l’on trouve
ridicule ce que l’on vient de dire… Ces ratés nous obligent à nous
révéler, malgré tout. Alors que chez soi, devant son écran, on peut
rêver sa relation. On a tout le temps de l’écrire, la scénariser,
analyser le discours de l’autre, s’y adapter, surjouer nos capacités…
Jusqu’au jour où l’on se rencontre enfin. Soudain, il faut faire avec
une stabilité émotionnelle et une assurance qui font naturellement
défaut lors d’un premier contact dans le réel. La rencontre devient le
témoignage d’une réalité dont on s’était fortement protégé et que l’on
avait même réinventée. Mais loin de moi l’idée de condamner les nouveaux
médias ! Comme Sophie Cadalen, je leur reconnais bien des avantages.
Aux internautes, je conseillerais seulement de s’efforcer d’être
toujours au plus près d’eux-mêmes. Le risque est de bâtir une histoire
dans sa tête et de vouloir absolument y coller et y faire entrer
l’autre. Certes, cela vaut aussi dans la vraie rencontre, sauf que le
face-à-face nous oblige très tôt à prendre l’autre en considération.
Alors que sur Internet, on a tout loisir de s’enfermer dans son
scénario… »
visiter mon blog / http://www.rencontres-relations.net
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