Dix ans après la naissance des premiers sites de rencontres,
l’adhésion est toujours massive, et la performance de ces « serveurs du
coeur », désormais indiscutable. Partout, des amoureux ravis témoignent,
en nombre, de leur bonheur : « J’ai trouvé l’amour de ma vie. On a
discuté deux, trois jours avant et, depuis notre rencontre, on ne s’est
plus quittés et ça n’arrivera jamais » ; « Bientôt deux ans que nous
nous sommes rencontrés via Meetic… Le coup de foudre immédiat dès notre
première rencontre. Nous ne nous quittons plus, nous nous aimons plus
que tout… »
Si nous rapportons toutes ces histoires d’amour aux chiffres des
unions effectives nouées en ligne, nous ne sommes que dans l’écume :
leur impact dans notre inconscient collectif est bien plus profond.
Internet a radicalement changé notre façon d’envisager la rencontre et
le discours amoureux, que nous soyons inscrits ou pas sur les réseaux.
Pour Alain Héril, sexothérapeute et psychanalyste, auteur, notamment, de Femme épanouie,
avec le progrès numérique, notre société fait marche arrière : « En mai
1968, hommes et femmes ont dénoncé le couple comme objet d’oppression
sociale. En réaction, ils voulaient bâtir, à égalité, des histoires où
chacun aurait la place d’évoluer auprès de l’autre, où le risque d’échec
était assumé. Les sites de rencontres ont changé cela. Par le biais
d’Internet, nous sommes revenus à une image fixe de l’amour. Dans mon
cabinet, je constate que mes patients sont de plus en plus victimes du
mythe de l’amour. Les femmes, en particulier, recherchent un homme
idéal, leur double masculin. »
Que l’on s’inscrive ou pas sur les sites, le mythe du prince charmant
ou de l’âme soeur a repris de plus belle dans nos inconscients. Nora,
32 ans et un enfant, désespère de son célibat : « Il n’y a donc personne
qui me convienne ? Je ne suis pourtant pas difficile… Il doit avoir le
même niveau de vie que moi, être dans ma tranche d’âge, me faire rire et
montrer quand même un peu de prestance. Je n’ai aucun critère physique :
brun, blond, tout me va. Mais il faut tout de même qu’il soit plus
grand que moi, un mètre quatre-vingts au minimum.
Nora assure « ne pas demander la lune ». Pourtant, il y a toujours un
détail qui l’arrête : « C’est un trait physique ou une manière de parler
qui ne me donne pas confiance. » Malika, 37 ans, vient de trouver son «
âme soeur » sur un réseau de rencontres. « Avant, mes critères étaient
trop restrictifs. Je ne voulais pas d’un Maghrébin. J’avais trop peur de
tomber sur un “blédard”, qui me renvoie dans des schémas contre
lesquels j’ai lutté toute ma vie. » À 37 ans, la jeune femme d’origine
algérienne s’est résolue à élargir ses critères de recherches. Nouvelle
solution, nouvel espoir : « Je viens de faire la connaissance de Lalou.
C’est “lui”. Nous avons le même humour, les mêmes goûts, les mêmes
souvenirs d’enfance… C’est comme si nous nous étions toujours connus ! »
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