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mercredi 22 juillet 2015

Sur le Net, le désir est compulsif

Comment êtes-vous passée de l’inscription sur un site de rencontres à l’écriture d’un livre qui relate vos aventures sur le Net ?
Suite à un divorce très douloureux, je pensais reconstruire une vie affective grâce à ce site de rencontres. Dans mon esprit, c’était l’équivalent d’une agence matrimoniale. Certains ont pensé que je menais une enquête sur ce genre de sites. Il n’en est rien. Quand je vis une expérience, il faut que j’en fasse quelque chose par l’écriture. Je voulais faire une mise au point, une mise en garde. Sans doute aussi pour me libérer. Mon journal de bord a d'ailleurs rapidement pris le ton du pamphlet.
• Quelles pensées viennent à l’esprit au moment de remplir sa fiche ?
Je ne connaissais rien à ce monde. J’ignorais la règle, notamment en ce qui concerne les annonces. Seule, j’aurais écrit quelque chose de sobre et mélancolique. Un de mes amis m’a appris les codes : il a remanié mon profil en y introduisant de l’humour pour attirer la curiosité. Cela a donné : « Femme gracile et fragile mais qui peut assurer devant l’adversité. (…) Hommes mariés, séducteurs d’un soir et allergiques au tabac, merci mais… non merci ». Pour le pseudo, j’ai choisi Atypic parce que j’ai le sentiment d’être toujours en décalage dans la vie. Comme il y en avait déjà cinq, j’ai ajouté mon département : 92. La photo a été une épreuve : je n’aime pas l’idée de me mettre en scène. En remplissant ma fiche, j’ai ressenti une impression mélangée. Celle de faire mon propre marketing, de me vendre. Cela m’a mise mal à l’aise. Mais il est vrai que lorsque j’étudiais le profil d’un homme, j’accordais une importance primordiale à deux choses : le niveau d’études -je suis bac+7- et le visage. En fait, je faisais aussi de l’autre un produit.
• Quels sont les avantages de la séduction virtuelle ?
Lors de mon inscription, je sortais d’une très grande souffrance. Le site est vite devenu un booster d’ego. Au début, je me suis trouvée narcissisée par toute une série de propos flatteurs. J’ai retrouvé des compliments que l’on ne m’avait pas dits depuis des années. J’ai alors eu l’illusion que j’allais remonter la pente. Ensuite, on cherche à entretenir ce narcissisme. On va tout le temps vérifier si on a eu des flashs ou des mails. Et si ça ne marche pas avec un homme, on se dit : pas de chance, le prochain sera le bon. Sur la toile, on possède une grande faculté d’oubli. Et puis le Net a un côté désinhibant.

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