Des pensées taboues
Mais tout de même : à l’heure où le sexe est partout, que pouvons-nous dire de ce qui nous passe par la tête lorsque nous copulons ? « À ce moment-là, je ne pense à rien ! » répond spontanément la majorité d’entre nous. Effet de censure. Car, en réalité, « la plupart des individus ont recours aux fantasmes, et rares sont ceux qui parviennent à se satisfaire du réel et de l’agir pour y parvenir », développe Claude Crépault. D’autant que l’expérience nous oblige à l’admettre : ce qui fait la qualité d’un acte sexuel, ce sont précisément les pensées qui l’accompagnent. Romantiques, pornographiques, spirituelles… La gêne à formuler ce qui nous traverse tient sans doute au fait qu’il y a là un point d’« indicible », comme disait Lacan. « Un tabou auquel on tient », remarque le psychanalyste Pierre Naveau, auteur de Ce qui de la rencontre s’écrit (Éditions Michèle, 2014)..Pour autant, le sujet interroge. Et notre partenaire, à quoi pense-t-il quand nous l’étreignons ? Premier indice : une étude publiée dans le Journal of Sexual Medicine conclut que, durant les rapports, les femmes sont en majorité préoccupées par leur corps – c’est-à-dire par ce que l’autre pense de leur apparence physique –, tandis que la plupart des hommes s’inquiètent de leur performance sexuelle – c’est-à-dire de la qualité de leur érection et de la taille de leur pénis. Intéressant, mais succinct. Heureusement, depuis quelques années, plusieurs spécialistes travaillent à défricher nos arrière-pays intimes.
Des pensées parasites
Laurence Ostolaza reviendra sur ce sujet dans sa chronique du lundi 2 mars, à 6 h 30 sur France 2.
Elles sont plus ou moins encombrantes, mais personne n’y échappe. À certains moments, difficile de « s’érotiser » librement. D’où viennent ces pensées « hors contexte » (découvert bancaire, boulot, courses…) qui agissent comme des interférences et nous éloignent de nos scénarios imaginaires ? En être victimes est-il la preuve que nous ne sommes pas réellement à ce que nous faisons ? « Non, rétorque le sexothérapeute Alain Héril. Lorsque nous faisons l’amour, nous sommes pris dans notre relation à l’autre, mais aussi dans notre rapport à nous-mêmes, à notre image, à notre morale, à notre quotidien… Il est donc normal que cela remonte sous la forme de pensées. » Pour certains, cependant, quand les préoccupations finissent par envahir l’espace, tout devient plus compliqué. De quoi cette « indisponibilité » est-elle alors le signe ? « D’un malaise, répond le sexothérapeute. Et il faut se poser la question : qu’en est-il de mon état d’esprit ? Est-ce que j’agis “par devoir conjugal” ou en songeant à une autre relation ? Parfois, c’est aussi la culpabilité ou l’anxiété qui empêchent de se laisser porter. Je pense à ces patientes peinant à être enceintes : beaucoup témoignent d’un désir qui ne s’organise plus que de manière utilitaire à dates et heures prévues. “Infernal !” disent-elles. » On les comprend bien.
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